Que dire ? Qu’écrire ?
Nous nous réveillons tous ce matin. Tous, sauf douze d’entre nous. Nous sommes sonnés, tristes, en colère, et nous avons peur.
J’ai peur. J’ai peur car dans mon beau pays, douze personnes sont mortes hier. A cause de simples dessins, à cause de leur engagement pour la liberté d’expression, à cause de leur volonté d’alerter, à cause de leur engagement pour que le mal ne soit plus tabou ou instrumentalisé et que nous puissions vivre ensemble.
J’ai peur car d’autres ont peur aussi, mais chez eux cette peur s’est transformée en haine et ça ne date pas d’hier. Mais en ce jour du 7 janvier 2015, leur haine s’est déversée en atroce torrent de boue sur les réseaux sociaux, dans les commentaires des journaux en ligne, à la pause cigarette. J’ai peur du climat qui s’est installé en France depuis quelques années et qui a trouvé hier son trône pour les années à venir. Peur de l’escalade, de ce qui va arriver. Ce matin, j’entends parler d’une nouvelle fusillade à Paris, d’une explosion près d’une mosquée. Ce matin, une amie m’a dit “Ils en ont pris douze, qu’on en mette vingt quatre en place publique”.
Alors oui j’ai peur. De ces armes qui répondent aux crayons, de cette haine qui efface les principes de la République qui font notre pays, de cet amalgame malsain qui ne sert que ceux qui chargent les fusils.
Mais j’ai aussi de l’espoir. J’ai vu le monde médiatique uni, les politiques du monde entier effacer un temps leurs divergences, et j’ai surtout vu un peuple français debout, rassemblé et pacifiste. C’est cette image que je veux retenir, ce sentiment auquel j’appartiens et qu’il faut porter pour que la haine ne gagne pas, pour qu’ils ne gagnent pas.
Frédéric Boisseau
Franck Brinsolaro
Jean Cabut, dit Cabu
Elsa Cayat
Stéphane Charbonnier, dit Charb
Philippe Honoré, dit Honoré
Bernard Maris
Ahmed Merabet
Mustapha Ourrad
Michel Renaud
Bernard Verlhac, dit Tignous
George Wolinski
Nous continuerons à dessiner
Nous continuerons à écrire
Nous continuerons à parler
Nous continuerons à aimer
Pour vous, pour la liberté
Pour que Charlie vive.